Abécédaire libanais n°5
Sarah Anthony revient avec un nouvel abécédaire du Liban !
Retrouvez les précédents abécédaires de Sarah dans la rubrique Culture de notre Blog !
E comme Echmoun
Aujourd’hui inscrit au patrimoine mondial de l’humanité, le temple d’Echmoun (ou Eshmoun) a été bâti par les Achéménides à partir du VIIème siècle avant J.- C. L’édifice tire son nom du dieu phénicien de la guérison, auquel il est dédié, Eshmoun. Tout au long de son histoire multiséculaire, le temple évolue. D’abord éventré par un séisme au IVème siècle avant J.- C., il est ensuite récupéré par les Romains. Cependant, c’est avec l’expansion du christianisme dans l’actuel Liban que le temple est abandonné. Ses ruines sont visibles non loin de la ville de Saïda (la Sidon biblique), au sud-est du Liban (à découvrir dans la dernière entrée de ce cinquième abécédaire).
J comme Jezzine
Au sud du Liban, à environ soixante-dix kilomètres de la capitale Beyrouth, la ville de Jezzine se trouve dans le district du même nom. Jezzine est connue pour son art de la coutellerie, puisque dès le XVIIIème siècle, la famille Haddad confectionne des couteaux avec des manches typiques. Sculptées dans l’os, décorées et colorées, les créations de Jezzine ont fait le tour du monde. Le motif typique des couverts artisanaux de Jezzine ? Le phénix, oiseau mythologique et immortel, et symbole du Liban.
N comme Nahda
Au XIXème et XXème siècles, les pays arabes sont en ébullition : c’est la nahda. En arabe « l’éveil » ou « renaissance » désigne un mouvement et un désir communs à de nombreux pays d’Orient de se moderniser en s’inspirant des progrès occidentaux, et ce, à différents niveaux : politique et démocratique, culturel, éducatif, scientifique, mais aussi en termes de droits des femmes et de tolérance religieuse. Ce phénomène est porté par les pionniers et les intellectuels arabes.
Dans cette veine intellectuelle, on considère qu’au XXème siècle, le mahjar (voir l’entrée éponyme de l’Abécédaire du Liban n°4) en est la poursuite.
Né au Liban mais installé aux Etats-Unis, le poète et écrivain Gibran Khalil Gibran (voir l’entrée éponyme de l’Abécédaire du Liban n°1) est ainsi l’un des représentants de la nahda en littérature, tout comme Amin al-Rihani, à découvrir dans l’entrée suivante. La nahda a pour objectif l’unité : entre hommes et femmes, entre croyants de confessions différentes, pour mener les sociétés arabes à plus de stabilité et de paix.
R comme Amin al-Rihani
Amin al-Rihani est un important écrivain et activiste libanais. Il naît dans le village de Freike (Mont Liban) en 1876, et c’est dans ce même village qu’il mourra, à soixante-trois ans, en 1940.
Pourtant, Amin al-Rihani aura beaucoup voyagé et vécu à l’étranger, puisqu’à douze ans, il émigre à New York avec son frère puis son père. C’est là-bas qu’il apprend l’anglais, langue qu’il est le seul à maîtriser dans sa famille et qu’il utilise bientôt professionnellement, pour aider les affaires familiales à prospérer. Ainsi, à Manhattan, Amin al-Rihani fait la connaissance d’écrivains cosmopolites qui lui permettent de développer une éducation littéraire américaine et européenne.
Âgé d’une vingtaine d’années, le jeune Amin tombe malade et rentre au Liban pour y être soigné. Il y deviendra professeur d’anglais et d’arabe classique, et découvre alors la poésie orientale. Cependant, il est temps pour lui de publier ses propres œuvres. Tout au long de sa vie, Amin al-Rihana signera une soixantaine de textes, dont, fait remarquable, la moitié en langue anglaise, l’autre en langue arabe. Il sera notamment l’un des soutiens du panarabisme.
S comme Saida ou Sidon
A ne pas confondre avec la ville éponyme d’Algérie, la Saïda libanaise est aussi connue comme Sidon, notamment dans la Bible. Son histoire est millénaire, puisqu’elle était déjà une cité importante de la civilisation phénicienne. Pourtant, Saida est plus ancienne encore, elle fait à l’origine partie du royaume des Cananéens. Son nom biblique, Sidon, lui viendrait d’ailleurs de son fondateur mythique : Tsidone, fils de Canaan, arrière-petit-fils de Noé.
Située dans le sud du Liban, sur la côte, la ville est historiquement liée à la mer. Elle est connue pour son port de pêche, et pour sa production de pourpre (voir l’entrée éponyme de l’Abécédaire du Liban n°1), teinture extraite du coquillage murex et utilisée pour rendre rouges les tissus durant l’Antiquité. Aujourd’hui troisième ville du pays, Saida est riche d’un patrimoine ancien à visiter.